Comment se protéger de la COVID-19 lors des fêtes de fin d'année?

Fêtes de Noël, Nouvel An et autres réjouissances de fin d'année riment, pour beaucoup, avec repas de famille, soirées entre amis, sorties festives, etc. Et cette année encore, avec la forte reprise des contaminations au SARS-CoV-2 et une hausse des hospitalisations, il importe de mettre en place certains reflexes avant, pendant et après les festivités pour se protéger soi-même et son entourage. Dr. Audrey Noël, médecin hygiéniste aux Hôpitaux Robert Schuman, vous donne différents conseils pour passer des fêtes en toute sérénité.

Le cercle familial étant la source la plus fréquente des contaminations au SARS-CoV-2 (36,3 %, début décembre), est-il encore temps de se faire vacciner? Ou de recevoir sa 3e dose?

Pour les non-vaccinés, une 1re dose administrée dès que possible restera plus protectrice que pas de dose du tout, même si le pic d'efficacité vaccinale surviendra probablement après les fêtes.

De nombreuses données appuyant l'intérêt d'une 3e dose (aussi appelée "booster" ou dose de rappel) ont été publiées ces dernières semaines. D'une part, une baisse progressive de l'immunité a été observée après quelques mois. D'autre part, le nouveau variant Omicron présente un nombre important de mutations qui lui permettent d'être moins sensible à l'immunité conférée par les formules vaccinales actuelles. Dans l'attente d'un vaccin réadapté, un booster est aujourd'hui hautement recommandé et mieux vaut le faire avant qu'après les fêtes. J'encourage les personnes ayant reçu leur invitation à le réaliser le plus tôt possible, idéalement plus d'une semaine avant les réveillons. En mesurant l'évolution du taux d'anticorps après cette 3e dose, il a en effet été estimé qu'il faut 7 jours pour que le booster fasse pleinement effet. Une certaine efficacité plus précoce n'est néanmoins pas exclue - mieux vaut tard que pas du tout.

Vacciné ou non, est-ce qu'un test est nécessaire avant de se rendre aux festivités ou de recevoir ses invités?

Oui et non.

Oui, un test peut participer à la sécurisation des festivités. Il détectera ceux d'entre nous qui sont le plus susceptibles d'être contagieux, mais il faut rester conscients que ces tests ne permettent pas à eux seuls d'atteindre le risque zéro.

Il est tout d'abord essentiel de le réaliser correctement. Il faut également être conscient qu'un test effectué hier ne garantit pas que vous soyez négatif aujourd'hui. Un test antigénique effectué le jour même non plus, car ceux-ci ont des performances qui restent limitées.

La prudence reste donc de mise: un test antigénique négatif ne doit pas constituer un prétexte pour ne plus respecter les gestes barrières. Il s'agit d'un élément de sécurisation qui doit s'additionner aux gestes barrières, et non les remplacer.

Pendant cette période, il y a une augmentation de la fréquentation des lieux animés (magasins, marchés de Noël, centres commerciaux) pour acheter des cadeaux, faire les courses pour les festivités, ou même participer aux offices religieux, etc. Comment faire pour limiter ses contacts avant d'assister à un repas, surtout en présence de personnes âgées ou vulnérables?

Pour ma part, 2 semaines avant les fêtes, je limiterai mes contacts sociaux. Si vous pouvez télétravailler, faire vos courses cadeaux en ligne ou en dehors des horaires d'affluence, je pense que c'est à privilégier.

Si un bain de foule s'impose, les bons réflexes sont à reprendre:

  • Je revêts un masque chirurgical neuf avant de sortir et m'assure qu'il couvre toujours ma bouche et mon nez. Évitez les masques en tissu, ils sont moins efficaces. Évitez également de manipuler votre masque: une fois en place, on ne le touche plus, sauf via les élastiques pour le retirer.
  • J'ai toujours dans mon sac un petit flacon de solution hydro-alcoolique. Je l'utilise au minimum avant de mettre mon masque et au retrait de celui-ci. Toutes les solutions ne se valent pas et je vous encourage à prendre conseil auprès de votre pharmacien. À titre personnel, je favorise les solutions qui sont composées à plus de 70 % d'éthanol.
  • J'évite de toucher ce qui peut ne pas l'être (poignées, rampes, biens et produits que je ne vais pas acheter, …).
  • J'essaie de garder mes distances avec les autres clients.

Il n'est pas évident de respecter la distance physique lors de retrouvailles en famille ou entre amis. Quels sont vos conseils pour passer tout de même un bon moment?

Difficile en effet… Nous connaissons tous aujourd'hui les gestes barrières, l'idéal est bien entendu de tous les respecter. En pratique, nous avons néanmoins tous des choses que nous sommes prêts à sacrifier et d'autres non. Les contacts directs avec nos familles sont aussi nécessaires à notre santé, définie dans la constitution de l'OMS comme "un état de complet bien-être physique, mental et social" et non comme une absence de maladie ou d'infirmité. On peut éventuellement jouer sur le nombre de ceux-ci, les limiter sans les interdire… Tout n'est pas noir ou blanc, et la limite que les convives décideront de tracer variera selon les groupes.

Je vous conseille surtout d'initier une discussion familiale avant le réveillon afin que tout le monde s'accorde au préalable sur les comportements à adopter pendant la fête. Certains arrangements pratiques pourront ensuite aider à limiter les risques: positionner des flacons de solution hydro-alcoolique à quelques endroits stratégiques de la maison (entrée, sanitaires, …), privilégier les pièces spacieuses et les grandes tables, définir des places assises et aérer régulièrement.

Je pense qu'il est également important de faire preuve de flexibilité. Si un convive développe avant la fête des symptômes compatibles avec une COVID-19 (toux, fièvre, perte du goût / odorat, …), il est important qu'il ne se présente pas - et ne soit pas gêné d'annuler en dernière minute.

Pendant le repas de Noël ou lors des fêtes de réveillon du Nouvel An, que conseillez-vous pour limiter les contacts?

Pour l'apéritif, mieux vaut miser sur des verrines ou mises en bouche dressées sur des assiettes individuelles que sur des bols dans lesquels tout le monde plongera ses mains. Idem pour le repas, mieux vaut des assiettes dressées que des plats communs.

On peut également agir sur les distances interpersonnelles. Durant l'apéritif, privilégiez les places assises et disposez les sièges en essayant de maximiser les distances. Durant le repas, dressez la plus grande table possible en jouant éventuellement sur des rallonges. Pour le plan de table, il est préférable de rester entouré des personnes partageant un même ménage, même si cela est un peu moins convivial. On peut également veiller à ce que les personnes les plus fragiles ne soient pas assises à côté de celles qui ne sont ni guéries ni pleinement vaccinées.

Je peux encore vous conseiller de veiller à ce que les verres, serviettes, couverts ne s'échangent pas. Et puis, pourquoi ne pas encourager tout le monde à se laver les mains avant de passer à table, de même qu'à la fin du repas? L'eau et le savon peuvent très bien faire l'affaire et, même hors pandémie SARS-CoV-2, c'est une excellente habitude à prendre et à garder.

Il y a aussi le rangement et le nettoyage après le départ de nos invités… le risque d'infection existe-t-il toujours? Si c'est le cas, que faire pour le limiter?

Le risque existe en effet. Pour le réduire je vous conseille:

  •  Avant tout d'aérer!
  • De bien vous laver les mains ou les désinfecter à la solution hydro-alcoolique après avoir chargé votre lave-vaisselle, jeté les serviettes des convives… Évitez toujours de vous toucher le visage entre le moment où vous touchez des éléments qui ont été en contact avec la sphère ORL (nez, bouche) de vos convives et le moment où vous vous laverez les mains.
  • De faire tourner votre lave-vaisselle à minimum 60°C.
  •  Si vous n'avez pas de lave-vaisselle, de laisser tremper les verres et couverts dans de l'eau très chaude après un premier rinçage.
  • De penser à désinfecter les sanitaires. J'ai personnellement un penchant pour la Javel qui a largement fait la preuve de son efficacité.
  • De passer une lingette désinfectante sur les surfaces les plus touchées par vos convives (par exemple poignées de porte, robinets…).

Toutes ces précautions sont inhabituelles dans notre société et elles peuvent paraître lourdes à appliquer. Mais elles sont utiles pour notre santé, pour la santé collective du Grand-Duché et pour que les fêtes puissent ne laisser que de bons souvenirs.

 

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